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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 21:02

Une lecture spirituelle pour la question du bain funéraire négro-africain ?

Autour de l'image du Retour à la maîson du Père

Jean-Pierre Luhata

 

 

  L'intervention de Lambert Eloko qui met de l'avant les raisons du Retour à la maison du Père comme motivation déterminant la pratique culturelle du bain funéraire chez les Tetela a l'avantage de soulever une perspective qui enrichit le débat à titre d'élargissement de sa compréhension. Mais elle incite à discuter de la thèse fondamentale sur l'antériorité du Christianisme(Retour à la maîson du Père) sur cette pratique culturelle dans l'univers de ce peuple. Mon intention invite à dialoguer par rapport aux deux points sporadiques retenus volontiers en vue de nous compléter.D'abord,répondre par l'alternance(oui/non)à une question qui interroge sur les raisons obligeant de laver les morts,suppose comprendre les raisons pour lesquelles on ne devrait pas les laver de par l'auteur du débat(question)lui-même(Pap'Ango). Je ne vais pas user de références bibliques pour rester dans ma ligne culturelle, en gardant néanmoins la liberté de mentionner indicativement quelques notoriétés de la Théologie africaine intéressées à la matière en présence. J'aborde deux aspects de la lecture, qui vont dans le sens de contester l'antérioté du christianisme par le biais du dynamisme culturel comme vecteur de la continuité des pratiques culturelles du bain funéraire chez les Tetela; ensuite,je voudrais préciser combien l'interprétation spirituelle ne pourrait fléchir la persistance de cette pratique que dans une autre perspective d'inculturation religieuse... dans l'offre d'échanges et de brève compréhension.

1. Le présupposé de cette question

Il semble que questionner les raisons qui obligeraient encore de laver nos morts, fonde d'en saisir le présupposé(de cette question). Les analyses de Lambert s'inscrivent, dans la logique évangélique,dont les motifs exigent qu'on persiste à prendre soin de nos défunts. A mon sens, cet effort se justifierait s'il s'inféodait dans le courant appelé Théologie de l'Inculturation qui soutient d'actualiser le message évangélique dans sa rencontre avec la diversité du contexte historico-culturel; il(effort) en emprunte les valeurs que recèlent ces milieux,en vue d'enrichir le patrîmoine spirituel de la christianité universelle(A lire les oeuvres théologiques des auteurs africains P.Mveng,Sj;Hebga,Sj; JM Ela,Matungulu Otene,Sj:B.Bujo;F.Kabasele,Cyprien Mbuka(Mgr)en disent longuement mieux...).Raprochées de ce courant de recherches,les analyses qui affirmant cette liaison,établissent une continuité logique du point de vue théologique, elles aident à saisir lucidement le message de la foi et ethique en terres d'Afrique noire, en intégrant les pratiques et valeurs qui défient le christianisme aux fins d'enrichir(récupération) son patrimoîne spirituel.

2. Les limites du dynamisme culturel dans le cas en présence

Je ne pourrai nier le dynamisme culturel de nos structures sociales,depuis,ouvertes à l'influence étrangère, il y a de cela, plusieurs centaines d'années. Mais cette ouverture culturelle trouve ses limites, en tenant compte de deux aspects:

2.1. Antériorité de la pratique culturelle sur le fait missionnaire.

Il me serait difficile de soutenir que les Ancêtres tetela aient attendu la missionarité chrétienne pour laver leurs morts. Je conviens avec Lambert Eloko sur le fait de la réceptivité de chaque culture au contact de l'autre, le cadre dans lequel se situe surtout l'influence du christianisme sur notre culture. Je sais les liaisons interférentielles qu'impliquent ces rapports religion et culture dans nos traditions.Toutefois,je ne cache pas mon malaise devant le transfert de la symbolique de cette pratique culturelle, conscient que celle-ci(pratique funéraire)s'observe même par les familles non christianisées de chez nous. Elle demeure une obligation tributaire du fait culturel, surtout qui insiste sur la communion d'effusion intégratrice,liant les vivants avec les leurs disparus.

2.2. Imbrication du Spirituel et du culturel(les Raisons hygiéniques)?

La souillure dont parle le frère Lambert Eloko,concerne la dimension spirituelle qui n'a rien à avoir la propreté physique.Il est libre d'indexer les exigences d'une eschatologie(liée à la fin des temps:paroussie)chrétienne pour enrichir les modalités d'approches de ce questionnement sur la toilette funéraire. Mais je me douterais que nos traditions doivent au christianisme cette pratique culturelle; par contre cette hypothèse fondée sur un fonds culturo-spirituel,aurait le mérite de ressortir l'idée plutôt du retour vers le village des Ancêtres "ou nos Aieux nous ont précédés planter pour nous des bananiers"(wakacu totone akondo). Cette figure métaphorique garde les avantages d'une proximité sémantique avec la lecture culturelle qu'inspire cette pratique, sans forcément médiatiser ce saut dans la catégorie judéo-chrétienne. Celle-ci présenterait un intérêt comme éventualité au sens apostériori(ultérieure)dans la ligne de perspective d'inculturation, ou de pierre dite d'attente,susceptible d'enrichir la culture chrétienne, comme signalé plus haut.

3.S'il faut cerner cette argumentation

Dieu,quoi qu'Il ait créé l'homme à son image,n'en prend pas en compte la condition socio-sanitaire,quelle qu'insalubre que soit celle-ci(condition).Autrement,cela froisserait l'ultime espérance des pauvres et déshérités auxquels le Royaume des Cieux appartient. Le Piémontais, Don Bosco portait l'attention sur l'intégrité de l'homme à la hauteur de la belle prestance extérieure(paraître)même devant son Créateur.Cette lecture risque de par sa sélectivité,d'imposer un critère élitisant comme si pour accéder au Royaume des Cieux, on doive exclure les personnes misérables,sans abris.La nature divine ne serait-elle pas à la fois et propreté et saleté, si déjà nous naîssons de ses mains sales (Avec mes escuses de ne pas prendre mes mots pour un genre d'apocryphe ou du néo-évangile de l'insalubrité) ? D'autre part, il est vrai que L'EAU symbolise effectivement la purification autant que le FEU; j'aurais cru en l'usage de cette symbolique, si la cérémonie était officiée par un prêtre dans la caste traditionnelle, c'est-à-dire par un initié en la matière qui serait un homme. Or dans ce cas,le lavage s'effectue par les Femmes, en tant qu'êtres par lesquels on vient à la vie et non par les Hommes supposés jouer ce rôle sacerdotal dans cette tradition(Je crois que le P. Engelbert Mveng avait suffisamment approfondi cette vue anthropologique).Dans ce sens,j'ai mentionné la dimension culturelle de la communion d'amour,unissant à ceux qui sont partis comme base originaire à laquelle remonte la nécessité et la persistance de la toilette funéraire chez les Tetela.Ce qui rejoint l'approche d'autres frères intervenants à ce débat. Une autre image axée sur la blancheur, pas comme du fibre de coton, mais comme la neige inconnue chez nous, baigne bien sous cette emprise du christianisme,d'ailleurs fustigée par Malcom X,quand il croyait encore au séparatisme racial aux Etats-unis. Cela donne une impression qui ferait de la salubrité physique(ou la clarté épidermique)un argument d'élection spirituelle dans le Royaume (spirituel) des Cieux; Eloko Lambert souligne:

"c'est-à-dire souillés par le péché, nous devrions accepter

d'être lavés par l'eau de la parole de Dieu qui nous rend pure,

plus blanc que la neige, si nous voulons être accueillis dans son

Royaume»(Réaction émise au Site Lafraco du 30.09.08).

Bref,par ailleurs la condition culturelle de l'amour, la toilette funéraire est motivée par la continuité de cette affection ultrahistorique(unissant les vivants et les morts) consécutive à cette conception de la vie dans l'anthropologie négro-africaine en général.Mveng,parlant de l'homme africain,comme homme cosmique,soutient que:

« L'homme est à la fois du monde des Vivants et celui des Morts»

(A lire surtout l'ouvrage qui traite de l'anthropologie négro-africaine chez cet auteur,P.E. Mveng,L'Afrique dans l'Eglise.Paroles d'un croyant.Paris,L'Harmattan,1985,p.11).Cette conception anthropologique pourrait aussi ouvrir une perspective spirituelle, complète la vue chrétienne apportée par Lambert Eloko.Ce qui renverrait à la chance réciproque qu'entrevoient,dans les liens entre les cultures africaines et le christianisme,les études du Pr Kabasele Lumbala(Christianisme et l'Afrique comme chance réciproque).Du corps ou de l'esprit, qu'est-ce qui commande de l'origine de cette pratique culturelle de bain funéraire dans les funérailles Tetela ? Tant les deux doivent être en liaison communicative( interferential),car l'attention portée à l'un(corps)renverrait aux besoins transcendant qui concernent l'autre(esprit).Il serait difficile de cloisonner la réponse de cette question à un aspect,malgré l'imminence de l'argument culturel.

Jean-Pierre Luhata

    02.10.08

 

 

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