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16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 05:21

De quoi les Tetela (Anamongo) sont-ils capables ?

Questionnement plus tourné vers la perspective.

Jean-Pierre Luhata



Ces lignes s'efforcent d'être attentivement à l'écoute de l'aspect social de notre tradition. Elles se recommandent à la seule discretion des lecteurs sans contraindre ceux-ci à embrasser les alliances qui n'engagent librement que chacun. Je salue les pertinentes remarques qui relèvent la banalisation de nos pratiques culturelles, muées béatement en objets folkloriques,au regard de certains détracteurs. Les effets évidents seront de suprimer la signification référencielle digne d'inspirer nos structures mentales et sociales. Cela, dans le seul but de laver ainsi les cervaux aux jeunes esprits et imposer leurs catégories culturelles étrangères(occidentales) dans l'univers de sens.
J'ai aimé l'argumentation des textes qui inscrivent les réactions de notre tradition dans le langage proverbial. Cet effort démontre la dynamique interne de nos structures sociales traditionnelles à exprimer et résoudre les problèmes du terroir,sans l'aval d'autres cultures. Ces sociétés pourraient ainsi être désignées par sociétés parfaites. Pour mieux cerner les capacités d'action des Tetela unis aux autres frères de l'ethnie Mongo, les doutes me sont permis au point que je soulève la portée de la justice distributive dans le langage proverbial de manière à accentuer cette dynamique et situer ailleurs les dissensions ultérieures. Le proverbe le plus indiqué pour éclairer la problématique(m'inspirée de la théorie de triple participation du Pr NKOMBE O.), énonce:
"Onanyo asesa nyama ko otema angenangena": " la joie consécutive au partage impartial d'un gibier". Il s'agit d'une joie découlant d'une longue latence de participation non-exlcusive, de la prise de parole,(Oteketa olo mb'osusanaso): la savoureuse portée de la prise de la parole,qui culmine dans l'impartialité de cette justice distributive, en transitant par l'apport de chacun au travail producteur(Onanyo amba hielo ko we emba ngandjo); ".Tant que ton frère tend les pièges, tu l'aides en portant les entrelasses""celui qui dépèce le gibier capté, n'est pas un rival métaphorisé par la compétition néo-libérale, mais il demeure un frère, qui ne pourrait perdre de vue le droit garanti par les siens à la juste rétribution(De la belle illustration du Pr NKOMBE O.,Pour axiomatique du développement,(Gestes et concept,1) Ottignies, Noraf, 1986).
Ce proverbe suppose que la pomme de discorde à laquelle remonte la dispersion des Mongo et dérivés soit un euphémisme, loin d'être réductible au simple argument de la dispute autour d'une tête de gazelle. Dans nos sociétés traditionnelles, les affaires à caractère sensible étaient entourées de genres littéraires capables d'en expliquer les motifs profonds sans crainte d'éveiller la fureur dissidente dans les esprits. Autant, les causes profondes des liens sacrés n'étaient pas non plus révélées aux non initiés sous peine d'en diluer la portée sacrale. Concrètement, à la question de retracer les origines d'étanches fraternités entre les Yenge(Djonga Yenge) et les Kolombe(Ona Nene), mon géniteur avait catégoriquement refusé d'en dire un mot, se pliant à l'insistance sur l'interdiction du sens de cette question, depuis la nuit des temps. Probablement,les verdicts des aieux sont empreintes de ce que le langage religieux retient sous forme de dogme pour éviter que les spéculations ultérieures ne remettent en cause la clause libellée comme inviolable. Le point de vue dégagé par un Noko dans nos sites,serait une piste de recherche qui garde l'avantage d'être approfondie. Les disputes sur toute matière touchant a la vie collective trouvaient aussi bien dans notre tradition, les mécanismes de reconciliation, malgré l'objective restriction réduisant à nul la tolérance des Tetela par rapport à la légèreté des femmes. Le dernier proverbe, retraçant l'inévitable affrontement entre les cuves et calebasses dans toute structure sociale donnée, en appelle à défataliser le pessimisme qui risque de prendre le dessus sur tout effort unificateur de cette ethnie.Cela tient compte tenu surtout de l'illusion soutenant une société exempte de tensions et conflits, d'où l'utile ne consiste pas à éviter ceux-ci, mais à les résoudre impartialement. A ce titre, quelques précisions d'ordre méthodologique s'avèrent indispensables; à la question de savoir ce dont les Anamongo seraient capables,pourrait, à mon avis, impliquer dans sa composante(nature) un aspect complexe, que l'on pourrait résumer en double volet:
a) En diachronie: orienter le débat par rapport aux exploîts passés dans lesquels l'on pourrait mentionner les différents personnages qui ont permis aux Tetela d'avoir des rubriques dans les Annales de l'histoire d'Afrique, voire du monde. Sans trahir les intentions initiales de l'initiateur de ce débat, j'estime que celles-ci exhortent plus au défi de l'avenir ethnique, plutôt que de le déployer vers le passé. Dans ce sens que remonte à la surface toute l'ampleur de sa pertinence pour les perspectives d'avenir que suggère le volet suivant de mon optique méthodologique;
b) En synchronie: l'effort mettrait en relief, les capacités réellement actuelles et éventuelles des Anamongo à organiser l'unité qui s'inspire de leur ascendance commune.Toutefois, il faut éprouver la méthode de manière à en arriver à définir le registre précis dans lequel inscrire le sens du débat: est-ce dans l'ordre culturel ? Est-ce que dans la rubrique politique exhortant à faire un front commun pour les avantages communs ? Est-ce dans les fins de restaurer de nouvelles frontières politico-administratives qui fassent coïncider les limites ethniques avec les frontières de cette potentielle entité juridique, proprement à la mosaïque des factions qui font l'ossature ethnique Mongo ? Ces questions s'avèrent utiles en vue de mieux amorcer le parcours du débat sous peine de sombrer dans la contemplation de vieilles gloires. Alors que celles-ci sont tributaires des mythes du passé, aujourd'hui dénués de prises sur une éventuelle cohésion à assurer au présent. Dans ce sens que se situe le controversé personnage de Bomboko qui, malgré sa condamnation dans les milieux Mongo, n'a pas perdu son prestige, quand on sait que même les Tetela perçoivent en lui un imperturbable juge, digne d'arbitrer leurs conflits...Cette condamnation pourrait convaincre, si les droits de représentativité lui étaient enlevés, à titre de pénalité, surtout dans les associations à caractère ethnique...Non, on ne devrait pas être si amnésique jusqu'à reprendre cette naiveté dans la gestion des liens associatifs avec de faux frères, dont le cas de la perte de la personne(institutionnelle) de Lumumba et de sa potentielle belle carrière politique aux dépens de tous ceux qui ont cru en lui. Le temps devrait être à la lucide méditation ! Un proverbe dira pour consolider ce sens: "": qui se traduit par l'on ne pourrait porter atteinte à (l'oeil) l'intégrité de la personne de son frère, symbolisée par l' organe précieux que représente l'oeil. Je ne voudrais attiser aucun sentiment de clivage, mais ma parole se veut une alerte discernant sur toute inclination aux adhésions massives susceptible de voîler l'imposture qui nous conduira aux frustrantes étiquettes de tortues(divudu), dont le rôle serviable(ancillaire) concourt au bonheur des autres(Amembi pata?: porteurs, garçons de courses ?).
Est-ce un complexe de minorité ?
Ma question consiste à savoir si cette quête obstinée pour l'intégration d'autres frères relève d'une pressante nécessité ou d'un voeu restaurateur de la mémoire collective dans les jeunes esprits pour que le souvenir se maintienne ! Je risque de me répéter, il y a trop de problèmes encore a résoudre entre les Tetela eux-mêmes, avant de s'évader vers des nuages qui ne cadrent pas avec les réalités endogènes, faisant abstraction de ce gros défi unitaire que lance notre espace social restreint.
Tout est-il religieux(spirituel) ou politique ?
Je n'attribue pas cette assertion à personne,mais je prends soin de l'isoler pour mieux cerner la thématique anthropologique.Il n'est pas question d'alléguer un discours spirituel exhortant au pardon et à l'oubli, quoique celui-ci subsume toute la vie sociale négro-africaine, car, les rites de reconciliation sont légion dans nos traditions. Faut-il encore que le pardon soit accordé conséquemment à la personne accablée par le regret de sa bévue et éprise de sincère détermination de ne plus jamais le recommencer ? Seul celui-ci mérite ainsi obtenir la grâce au regard des offensés. Encore que cette vertu n'est nullement réductible au droit immédiat de l'offenseur, qui pourrait en abuser si elle(vertu)devait se règler aux caprices de ses humeurs particulières. A moins de l'ignorer, je ne crois pas savoir que la personne de Bomboko ait été purifiée par ces genres de rites.Autrement, les historiens feraient mieux de nous éclairer en la matière en vue de résorber la déchirure, une fois pour toute. Je ne parle pas, non plus, du discours politique, qui, lui, se soumet aux aspirations particulières et ne saurait mobiliser l'adhésion contraignante de toute l'ethnie Mongo, comme en un parti unique, en raison du caractère intéressé de l'engagement personnel. Dans ce sens, pourrait-on affirmer, de ce point de vue politique, que les liens contingents: personnel et politico-administratifs, ont-ils eu préséance sur les liens culturels que nous estimons être plus sacralement solides(formant un substrat de notre fameuse fraternité, sans en percevoir l'illusion évidente) ? M.Bomboko avait fait son choix,en relativisant la portée sacrale de nos liens, ici sacrifiées sur l'autel de ses appétis egoistes. Il s'est lui-même désolidarisé des impératifs de la solidarité ethnique au profit de ses intérêts particliers. Pour ne pas culpabiliser toute l'ethnie Mongo, les insurrections aux lendemains du cruel assassinat de Lumumba n'ont pas trouvé d'instigateurs dans notre ethnie originaire...
D'où, je me dois de croire que le sens de la question qui oriente ce débat, devrait porter vers l'avenir plutôt que le lier à la longue énumération des agents diplômés,ayant exercé des professions publiques officiellement reconnues. Ce passé mythique(que dénocent le Pr OKOLO O.,dans son Pour une philosophie de la culture et du développement. Recherches d'herméneutique et de praxis africaines, Kinshasa, PUZ,1986) est aussi ambigue, s'il faut y construire l'avenir commun, dès lors qu'il pourrait receler les motifs aussi déchirants pour l'unité ethnique. L'argument le plus pertinent, sans plaider pour les raisons d'urgence et du cloisonnement culturel, milite pour un discernement équilibré, recentrant au mieux ses propres ressources correctives par rapport aux erreurs du passé. Tel effort se serait présumé faire le préalable aux ambitions instauratrices de l'unité globale.Onanyo, onanyo kema lonya lo sso

  Pour la dynamique de l'oscillation pendulaire

Un proverbe tetela soutient:

« Ale la nkoko ko ale la mfudu »: "Mange aussi bien avec les vollailes, les coqs et poules(de la basse cour)que avec les oiseaux sauvages". Une métaphore qui reprend le principe que je qualifie d'oscillation pendulaire entre le soi et l'altérité...l'enfermement et l'ouverture. Ce besoin s'explique pour faire le poids, sans risque d'imersion de son onde vocale sous les vagues d'isolationnisme. La globalisation n'annulle pas de structures individuelles.Un autre aspect mentionne aussi le caractère imprévisible d'autres oiseaux, échappant au critère d'apprivoisement... S'assure-t-on de bénéficier allègrement de mêmes sentinents fraternels en retour pour qu'on s'enthousiame à conclure les identités facticement déclamatoires ? Conscient qu'au plan culturellement privé ces liens se sont affirmés par la promotion gratuite du griot Okito Mukanga par Lomomo Nkake,ainsi que la participation du groupe de Bonketshu aux obsèques de feu Mgr Yungu, sans une contribution notablement significative(plus !)
En vertu de cela que je suggère l'adoption d'une souplesse en forme de tension articulée entre l'aller et le retour que j'emprunte à la symbolique de l'oscillation pendulaire comme meilleure métaphore qui traduise au mieux notre condition identitaire actuelle. Mais décoller vers les grands ensembles, sans déblayer son propre terrain, constituerait une mosaique fragilement irrésistible aux éventualités critiques.
Imbrication intercastique et la torpeur de l'élite Tetela face à l'investiture suprême
   Je reviens sur quelques idées laissées en friche, elles sont superposées sous forme questionnante par notre frère aîné PV Omombo. Mais encore l'intention sera plus de restreindre le débat sous une analyse politique, loin des mythes

fondateurs, mais elle envisage d'aller à la racine causale pour saisir les motifs profonds de cette déconfiture dans l'esprit de notre peuple. Cette analyse comprend deux moments, une brève mise au point, loin de l'anthropologie, et un saut dans les réalités politiques fondées sur l'imbrication d'alliances intercastique. La nation désignera l'ethnie Mongo en général dans une brève approche compréhensiviste de ces motifs.

1.La mort de Lumumba n'est pas une mort rituelle

La noblesse qui commandite les actions reconciliatrices ne devra pas constituer une dérobade aux exigences du maintien de la mémoire historique d'un peuple pour ne pas faire complicité de certaines manoeuvres falsificatrices qu'exerce l'Occident sur notre esprit. La menace de rendre notre peuple amnésique, l'on doit nuancer que toute quête restauratrice du sens de cette mémoire, axée sur certains évènements pour lesquels les nôtres avaient versé leur sang, comme expression indicatrice des sentiments de vengeance.Je ne dis pas que ce danger guète absolument les positions de mon frère PV Omombo, mais un esprit mal avisé serait porté à cautionner les pourfendeurs de notre mémoire collective,qui sautent à des telles opportunités pour exhorter littéralement à rompre avec nos éveilleurs de conscience en vue de nous rendre flotants, loin de motifs de fierté léguée à travers l'action de nos héros. Ce constat doit rendre sensible au jeu qui banalise le sens des luttes pour lesquelles nos références avaient payé de leurs vies...Juste une nuance utile, car, la mort de Lumumba, créant certes une déchirure du point de vue anthropologique, n'est pas un simple meurtre rituel sacrifié pour les besoins d'émissariat...Cette tendance, s'il faut nous en tenir à la lecture politique de certaines analyses occidentales, invite à rompre avec nos matrices d'inspirations que sont nos prophètes aux fins d'invalider la détermination de notre peuple à assumer avec responsabilité ses affaires publiques(JC Willame,"De Lumumba à Kabila", dans Colloque Espace Avenir, 40 ans après l'assassinat de Lumumba: conséquences actuelles en Rdc, Montréal, du 19-20 janvier 2001(Pp.5-9).Cette attitude est un alibi susceptible de justifier l'injonction sur les destinées d'un peuple qu'on veut infantiliser...Cette mise au point est une autre manière positivement interprétative de notre histoire entrain de se faire. Pourquoi le dilettantisme (frisant l'amateurisme) des Tetela et Mongo vis-à-vis de la prise du pouvoir ?

2. La seule différence entre les leaders Tetela-Anamongo et Lumumba

2.1. Le cas particulier de nos frères

La liste de nos leaders actuels dans la plupart, fait état statutaire d'une création soit de l'Occident, soit de leur ascendance immédiate: Mobutu, par attraction positive(ses barrons et accolytes)ou négative(opposition).Quand on a acquis les habitudes de garçons de course, il est étonnant que l'on développe ancient une stature capable d'affirmer sa personnalité jusqu'à supplanter les anciens parrains. Il n'est pas facile de grandir à l'ombre des dynosaures, quelle que soit sa stature, sans risquer énormement de faire une consternante figure de versatilité, même si vous vous y tournez le dos pour vous frayer votre voie particulière. D'une manière ou d'autre,l'on se fait phagocyter sous les effets de cet ombrage. Le public aura tendance, quelles que soient les distances aménagées, à percevoir en vos actions, un simple reflet ou échos stratégique de ceux-là. Ce constat émerge dans le cas des mobutistes, dont les hommes de valeurs restent ravalés sous l'action de cette phagocytose, en raison de l'esprit trop encombrant de leur maître au travers de leurs agir politique. Le faux meurtre du père dénoncé par le Pr R.Lokadi, trouve dans cette tragique expérience, sa plus belle illustration ! La pesanteur d'imbrication intercastique est un tribut non négligeable...Sauf, un peu le cas du général Lundula, mais, même encore ici, les pressions d'anciennes autorités coloniales n'avaient-elles pas intimidé notre peuple au point de faire croire, depuis la leçon tragique de Lumumba, que le vrai pouvoir revenait à l'ancienne aux blancs ? D'ici, je présume, sera né la tendance à se plier sous les positions d'arrières-gardes...sans ambition de percer les horizons suprêmes.

2.2.L'exception Lumumba

Cet homme instruit pendant l'odyssée l'ayant conduit de nos villages jusqu'à Stan, est une figure qui a eu l'avantage d'être le produit de sa propre ingéniosité(J.Omasombo Tshonda, Patrice Lumumba. Jeunesse et apprentissage politique, Paris, L'Harmattan-Cahiers Africains,33-34, 1998). Seule la naïve conviction dans ses alliances, l'avaient porté à choisir tel à tel poste, en raison de son âge, pour citer le cas de la Présidence de la République. Il croyait fermement aux alliances que les colons auront exploîtées pour l'éliminer, car il ne pouvait seul gouverner le pays; en dépit de cette ouverture, il n'avait pas aliéné son aura attractive...Par contre, d'autres frères, si brillants soient-ils, restent tributaires de leurs parrains au nom d'imbrication de jeux d'alliances.Cela, j'estime,constituerait un effort de compréhension de ce questionnement superposé auquel probablement, les réponses précises attendent pour cerner l'obstacle que heurtent nos frères dans la quête à accéder au gouvernail de l'Etat congolais. Ce blocage ne dépend pas d'un consentement subjectivement délibéré, car, il masque les interférences cryptiques qui les enchaînent au risque de se trahir mutuellement, s'ils allaient outremesure. Cette hypothèse ne blanchit pas leur cause, mais elle mesure l'ampleur de tel engrenage qui déprécie l'offensive de leur rationalité...

Voilà,à mon humble avis,une tentative d'idée que je me fais sur ces questions superposées traduisant l'incompréhensive torpeur de nos frères à renouer avec les couloirs qui président aux destinées de nos espaces de pouvoir politique.

Jean-Pierre Luhata.

20 juillet 2007

 

 

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