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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 07:32

La femme traditionnelle africaine: le cas des Tetela du Congo-Kinshasa

 

 

Jean-Pierre Luhata

Actuellement, les circonstances favorisent de fouiller dans nos traditions pour déceler les élément qui aident à défataliser l’aperçu ethnologique de nos valeurs tradtionnelles. Dans ce cas qu’on voudrait aborder le problème de la femme africaine traditionnelle,chez les tetela du Sankuru(en RdC).On pourra progressivement y entrer à fonds, en fournissant indicativement, du point de vue anthropologique, une piste de recherches, qui pourrait dégager un statut dignitaire à la femme africaine. La femme que le moment néo-colonial au Zaïre aura réduite en simple second (2e)bureau, si pas un tirroir à recette, représente une grande dignité dans la tradition tetela,s’il faut prendre en compte les attributs tournant autour de la capacité juridique ainsi que d’autres prérogatives corollaires selon que l’on est femme de forgeron, ou toute épouse légitime,voire la protection bénéficiée selon une division implicite du travail au sein du foyer. Je recours au langage proverbial,car les proverbes,métaphores,distiques,que d'aucuns désignent par le langage discursif, sont les témoins de notre histoire. La lecture est analyse d'une anthropologie culturelle  et critique ..

1.1.Du statut juridique des femmes

Les femmes ont un statut dignitaire dans nos traditions, on leur reconnait une compétence de légifération le sens que souligne cette métaphore Tetela:


«Sambo ka sambola wamato« : désigne le genre de conflit, moins complexe, dont le verdict est soumis à la compétence de l'autre moitié de l'humanité faite de la composante de l'être féminin.

La vie en Afrique traditionnelle reconnaissait en chaque couche sociale le droit à une certaine représentativité, sans aucune exclusion. Les femmes pouvaient se prévaloir de disposer d’une parcelle d’autorité dans leur juridiction respective; celle-ci ne souffrait d’aucun empiétement dicté par l’ingérence d’hommes,en vue de laisser agir cette libre créativité en matière judiciaire(de l’être féminin).Cette compétence s’étendait même dans certains conflits qui opposaient les femmes aux hommes; les notables et aînés,estimant la moindre gravité du problème, déléguaient le verdict à la compétence des femmes. Son extention s’élargit hors de leur juridiction respective,comme dit tantôt. Un exemple pourrait illustrer ce cas, si une femme s’évade du toît conjugal, à l’insu de l’époux, la tentative d’aller la récupérér suivra les conseils des femmes dès lors qu’elles comprennent mieux les motivations de cette évasion ainsi que les dispositions qui convainquent pour la ramener au foyer.

1.2. Le choix d’une seconde épouse

Encore, aux temps passés, la décision de l'homme de contracter les nouvelles épousailles,était soumise au consentement de la première épouse, que la nouvelle appellera Maman...Celle l’ayant précédée dans l’ordre, doit recevoir le respect car, dans l‘éventualité du décès du mari, le fils aîné et héritier de droit de son père pourrait être désigné de succéder à son géniteur,en acceptant d’en prendre la seconde femme comme épouse(aujourd‘hui cette pratique est en desuétude car les fils n‘aiment plus hériter jusqu’à leur maratre, en lesquelles ils peçoivent en général le visage de leur mère). La disparité d’age, quand ailleurs, dans la même tradition, on déconseille de prendre en mariage une femme plus agé que soi, dont les raisons d’absence de discipline et d’ordre émergent(

la femme plus agée pourrait réserver un rébuffade aux visiteurs : wadi lokole ayokolashe angengangenda ndjala).Le foyer étant un espace ou l’on fait prévaloir l‘harmonie, suppose menager une certaine régulation normative disposant d’une part, d’une instance informelle de législateur et d’autre,un immédiat palier d’élection; cela met en relief la pertinence de deux instances qui unissent les conjoints dans leur espace de vie commune. Par contre, un cadre de discordance ou chacun fait ce que bon lui semble, paraîtrait être contredire les attentes de cette union au sens idéal du terme. Cette perspective pourrait sonner drôle auprès d’une oreille acquise aux émancipations qui tend à inscrire le libéralisme féminin sous la seul catégorie égalitaire. Les conséquences conduisent aux apories qui laissent croire que dans un foyer devront règner un ordre à deux maîtres ou s’installe constamment une bipolarité compétitive qui indique que chacun était chef et l‘on ne devrait pas s‘obéir mutuellement,mais ou l‘on commande chacun à son tour…..

1.3. Le droit anthroponymique

Outre cet aspect rituel, l’aspect anthroponymique retient aussi l’attention,on s’apercevra que le role de nommer les créations et les êtres humains(pouvoir culturel à la naissance, habituellement reconnu à l’homme, reste partagé avec les premières épouses,dans quelle circonstance? Dans le cas ou celle-ci a de la peine à avoir de la progéniture, avec son accord l’homme prendra une femme, soit optée elle-meme de sa famille, soit d’ailleurs. A la naissance de tout premier né, la première épouse aura droit de désigner celui-ci, surtout si c’est une fille, par le nom de (L)’Amanguna: je déclare ne pas être de mauvaise intention par rapport à la vie de ma co-épouse.Une confession dictée par une certaine ascendance qu’on reconnait aux premières femmes sur celles successives au point d’en influencer le destin biologique, dont la fécondité occupe une place prépondérante. Certains cas qui conferment ces réalités sont vérifiables jusque de nos jours…

1.4. L’énigmatique première épouse du forgeron

Dans le langage rituel, l'opinion populaire voudrait que la première épouse du forgeron,seule pourrait assister au moment ou les hôtes(autres forgerons)prennent le repas de circonstance, présenté après le déplacement de la pierre d'un ancien local au nouvel emplacement.Sauf que celle-ci ne pourrait nullement participer(assister)au moment de poser la pierre sur son lieu(dans la forge)sans qu'une torpeur l'envahisse.Elle ne sera prise par un sur saut qu'après que cette cérémonie soit finie, dans ce sens, elle ne va se reprendre qu’aussitot après que la pierre soit déjà posée au sol.Seuls les conviés(forgerons)peuvent y participer à la cérémonie, tandis qu’au réveil de sa pratique torpeur, elle pourra servir les invités.Ce privilège est réservé aux premières épouses,elle n’entend même pas inclure,au rang d’invités,d’autres structures de notabilité extracastiques,dont le cas du Chef de village.(

JP Luhata, "Palabre africaine comme parlement universel et rampe restauratrice de la démocratie en Afrique noire", Rennaissance.Montreal,(2000),pp.9-12). d’en influencer le cours de la vie, dont la fécondité occupe une place prépondérante. Certains cas sont encore vérifiables jusque de nos jours. Encore dans le passé le plus récent, l'Abbé A.Mutangala pourrait témoigner combien il avait eu de la peine à convaincre les Soeurs européennes dans sa perspective d'élever le seuil de la formation scolaire chez nos filles, au-delà de foyers et d'école des monitrices.

Alors qu'en Occident, le suffrage universel par lequel les femmes auront droit à l'espace public(la votation)ne commence qu'avec le xxe siècle(après la deuxième guerre mondiale,quelques exceptions près, dans peu de pays en Occident au cours du 19e siècle). En Afrique noire en général,C.A.Diop aimait mentionner la grande surprise d'Ibn Batouta devant la liberté avec laquelle marchent les femmes dans ce continent (

C.A.Diop, Mwalimu wa milele, documentaire d'une série de conférences au Niger).

2. La division complémentaire du travail

Je risque de croire que l'influence de l'argent dans nos milieux, consécutif à l'impérialisme de l'Occident, ait eu un impact dévastateur sur nos valeurs et structures sociales, au point que chacun dans son rayon de pouvoir,semblait trouver plaisir à étendre sa domination sur celui(celle)qu'il croit être plus faible. Il s'agit de l'éclatement de la violence,dans la vie sociale,comme figure paradigmatique. Hyadi, dictat ou un ordre vecteur d'extorsion,de domination sur les autres,aura exacerbé la dénaturation de nos rapports sociaux. Certes,le mal est dans le coeur de l'homme et que cette Afrique précoloniale n'était pas exempte de problèmes et tensions,(

comme le soutient le Pr OKOLO Okonda(dans Pour une philosophie de la culture et du développement, Kinshasa, PUZ, 1986); cependant, les sages avaient aménagé quelques dispositions morales, qui conseillent lorsqu'on n'a pas la taille de répondre aux exigences d'harmonie,en matière de polygamie,par exemple,de ne pas s'y risquer. Ainsi, les griots exhortent à ne pas rivaliser en erreur avec un Lomembe de Nyanga, qui ne savait pas,(surtout s’y prendre) en matière(vivre)sa polygami-qu-e,de sorte que ses épouses se sont dispersées:(Tokoyake Lomembe la Nyanga heye osenge mbakoohandjo wadi)! On peut en dire autant à propos du mariage en général, les hommes qui semblent se reposer après le moment du champs,sont épuisés après avoir abbatu les gros arbres, à leur risque, car ils peuvent éventuellement contracter de graves maladies,telles que l'hernie et d'autres conséquences encore.Alors qu'en travaillant,la femme économise son énergie, en prévision d'autres taches qui l'attendent.Quelques fois,après les travaux de champs,l’homme arrive un peu tard à domicile parce qu’il devra combiner, sur même front,d’autres devoirs, tels que visiter ses nasses,tendre les pièges;des fois, il lui arrive qu’il se réveiller tôt pour aller à la chasse des gibiers (sangliers)une entreprise qui exige de couper le sommeil…Certes que les femmes vont aussi à la pêche,même alors,elles bénéficient aussi du concours des hommes,se rejoignant à elles,pour endiguer et libérer les espaces susceptibles de faciliter les fouilles à celles-là(femmes),de manière à rattraper les poissons. On peut dire,eu égard aux rapports interconjoints,anthropologiquement parlant,qu’il existe une division informelle de travail menagée dans un genre informel de code social ou familial de travail.

Par ailleurs on pourrait étendre les horizons de compréhension pour répondre au questionnement qui voudrait savoir les raisons qui accordent préséance à l’homme au point d’exiger manifestement qu’on le serve par la femme.Les anthropologues et initiateurs à la vie sociale y voient les raisons liées au fait que l’homme est le partenaire qui donne la semence de vie.A ce titre qu’elle a été initiée à servir son prochain époux et elle sait que sa présence au foyer est tattler à cette fin de servir l’homme.

(Lire dans ce sens le feu P.Matungulu Otene, Sj, sur la Théologie de la vie religieuse, surtout les pages consacrées à l’inculuturation de la vie religieuse,Kinshasa-Limete, Editions S.Paul,1983(?). Ce privilège implique un prix, ce que cela coute comme devoir de défendre contre vents et marrées toute éventuelle d’intempérie menaçant la sécurité intégrale de sa famille. L’homme joue ici plus qu’un rôle sacerdotal,en vertu de son dévouement intégral(spirituel,moral,physique..)tout pour promouvoir la vitalité de son toît conjugal.

Bref,la perception anthropologique de la femme dans l‘univers tetela,loin de faire de celle-ci d’une carricature la vouant à la servitude, s’est imposée par un défi d'équilibre(en polygamie ou dans la division du travail),sans lequel on déconseillerait le prétendant,auquel on sommera d'ailleurs de faire preuve du courage susceptible de protéger sa femme),de s'engager enfin dans le mariage(A suivre…). Autant ce devoir en appelle à une complémentarité harmonieuse,évoquant le fait du respect mutuel devant régir les liens, tels entre le bateau et l’eau: «Ashi alemia wato, ko wato alemia ashi»!

Jean-Pierre Luhata

 

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