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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 06:37

De l'ethnicité et nationalité au Congo perçues sur leurs notions extranormatives

Jean-Pierre Luhata

 

0.Précisions utiles

Ces lignes retracent mes réflexions intervenues dans le cadre du débat sur la double nationalité au Congo,dont les résolutions ultimes me restent inconnues jusqu'aujourd'hui...Elles veulent rendre compte d'une évidente irrégularité si elles s'ignorent la valeur complémentaire et enrichissant que de limiter le débat sous le seul gré de l'autorité normative, par abstraction du legs remontant à la source de la norme de juridique. L'avangate de mon échange avec M.Nzongu avait le mérite d'indiquer combien la référence à l'ethnie, loin d'être une optique suicidaire, fait de l'ethnie une partie intégrante de la norme positive, par conséquent, elle s'établit en un fait juridique relevant du droit positif. Evoquer l'ethnie,en raison du poids d'intoxication charrié par le langage ethnologique, irrite la plupart d'intellectuels africains, qui estiment que l'on doive détester tout ce qui est de nos traditions comme incompatible aux normes, valeurs de la modernité occidentale ! Alors qu'on sait que le Droit s'intéresse aux faits, et non aux spéculations qui débordent son champs spécifique. L'ethnie dans le cas de la nationalité congolaise, cesse ainsi de se lire sous les allégations d'obédience traditionaliste, pour devenir l'élément essentiel de la norme civique dès qu'elle est retenue comme cheville ouvrière de la constitutionnalité identitaire au Congo. Elle ses soustraie aux lectures qui n'y voient qu'un archaisme indignement approprié à la modernité juridique.

1.En marge du fait juridique

J'avais préféré observer le déroulement du débat au seuil purement juiridique,mais la reprise de certaines erreurs invitent à intervenir,tant le seul le Droit n'est pas en mesure d'y apporter une judicieuse lumière. Je me permets cette injonction, conscient, pour le répéter, de l'enjeu pluridisciplinaire du débat en vue d'en cerner les méandres extrajuridiques : politique, sociologique, anthropologique, historique. J'attendrai les raisons qui fondent l'inquiétude de leur recours.Certaines questions émergent, si aux avis de Mr K. Nzongu, il faille relier la nationalité à la fonction sécuritaire et territoriale de l'Etat pour suffisamment cerner le profil de la nationalité; je crois savoir toutefois que, ces éléments ne sont pas nouveaux dans ce débat(cfr notions classiques chez Durocher(cité par moi) qui les reprend allant même au-delà).Je me propose de discuter certaines allégations,telles que la portée suicidaire de l'ethnicité,son optique extrapéjorative,l'actuelle souveraineté des Etats ; elles seront abordées de manière brièvement critique sans évoquer la loi elle-même sur la citoyenneté.

2.Faut-il culpabiliser les ethnies ?

Dépasser l'ethnicité identitaire à cause qu'elle constitue un paramètre désuet, serait une inconséquence logique, car les identités nationales aussi devront s'accepter comme entité en pleine mutation. L'Etat, en définissant la citoyenneté, n'efface pas les identités naturelles(ethniques) qui précèdent celles civiques. Même si celles-ci (civiques) s'imposent sur celles ethniques en vue de se faciliter l'exercice de l'autorité de l'Etat, mais elle n'entend pas sans en nier l'existence(identité ethnique). Celles-là(naturelles ou traditionnelles) restent les evidences indéniables, ouvertes à celles civiques avec lesquelles elles interargissent complémentairement pour des raisons évoquées.Le regretable pour intellectuels africains, réside dans la difficulté à se défaire de l'emprise de principes décretés en Occident pour se définir. Ce qu'on désaprouve est le repliement dans l'ethnicisme,vecteur d'impossiblité d'ouverture à la dimenssion civique. Il ne faut pas culpabiliser la relativité axiologique de l'ethnicité, qu'évoque le débat, la confondant avec l'ethnocentrisme(imbu d'enfermement monadique) fermée(à titre de plafonnement) à la tension vers l'identité nationale. Or, le débat n'exhorte pas à cette fin. Mobutu avait péjorativement politisé les ethnies, comme modalité prophilactique, utile à bloquer l'accès à l'instruction des ethnies qui lui semblaient menacer son pouvoir. Si l'ethnie est un critère suicidaire, l'on n'oublierait jusqu'au pouvoir traditionnel comme figure de référence autoritaire. Pourtant, il y a quelques années déjà l'Unesco entreprend de promouvoir des identités culturelles particulières en vue d'enrichir le patrimoine culturel universel fort du fond de la diversité de sa composante. La perception négative de l'ethnie remonte aux voeux restaurateurs de l'uniformité dans l'intention de convertir à la culture occidentale; elle s'actualise aujourd'hui en faveur de la mondialisation économique, reçue comme nouveau paradigme(aussi politique) occidental.

3.Ethnie s'oppose-t-elle absolument à la nation ?

L'Occident fonde la modernité civique de ses valeurs civilisationnelles sur son anthropologie subjective(sujet), renforcée par le néo-libéralisme économique.Ce nouveau paradigme()est en fait d'emprise anglo-saxonne qu'elle serait loin de faire l'unanimité sur sa portée universalisante (A lire l'ouvrage Second Traité du gouvenement de J.Locke ; A.Smith son expression de la main invisible, pour retrouver ses origines lointaines au xvi e siècle ; à quelque égards, le Pr Rist parle de ces paradigmes développementistes au sens de mythes de l'Occident).

Plusieurs établissent un concordisme sémantique entre les ethnies africaines et les nations en Occident ; donc, celles-ci ne seraient que de variantes ethniques en ces milieux; alors qu'elles sont définies en Afrique sous leur forme perver-tie-ssive (Lire les dénonciations de P.Kanamby ; D.Monière,Cours sur le Nationalisme ; surtout de P.M.Hebga,L'Afrique de raison ; l'Afrique de foi,...)

La souveraineté des Etats en Afrique, voire en Occident semble être menacée dans sa substance fondamentale. Avec la mondialisation, la fonction de l'Etat est en dévolution, car elle est récluse dans les charges de sécurité publique pour laisser faire l'agir économique.Ainsi celui-ci(Etat) consomme-t-il sa déchéance (dépassement) comme norme référentielle dans les principes qui fondent sa souveraineté ?(Voir Bonnie Campbell(Cannadienne et consultante au Parlement francais), ses publications d'économie politique et ses études sur la RdC).Sait-on qu'au Congo des compagnies minières ont des milices particulières, armées,hors du contrôle de l'Etat ? Encore que les dossiers importants(Ofida, Mines...) sont entre les mains de firmes étrangères ? Se pose-ton jamais le sens de la souveraineté de l'Etat ?

4. Quel intérêt supérieur pour la nation ?

A moins de d'ignorer, je pense que les transport, services médicaux, en ce temps de privatisation, sont en gros l'oeuvre de la diaspora au pays ; ces réalisations sont consécutives à leur sensiblité pour le pays(sentiment national encore actif). D'ailleurs, s'il faut revenir aux raisons qui motivent la présence recrudescente présence des congolais à l'étranger; la raison émane autour des contraintes et tracasseries que rencontr-ai-ent ces compatriotes, en second régime,au retour au bercail(M.Sakombi en sait quelquechose). Une question demeure de savoir les raisons qui fondent la méfiance de la pluri-citoyenneté au Congo-Kinshasa ? A mon avis, il faut démêler les responsabililtés, en cela que s'indique ma préférence pour le statut honoraire,hors de l'implication immédiate dans les charges politiques actives. Les craintes sur les raisons de sécurité nationale sont sérieuses dès lors que l'Etat congolais se devra être vigilent par rapport surtout aux néo-congolais non originaires.J'estime que les diasporas congolaises soient sensibles à la cause nationale, malgré la versatilité de nature humaine. Ces réflêxions portent en elles-même les germes de cette révélation. Bref, ma citoyenneté congolaise ne m'est pas aquise sur demande, l'Etat me le reconnait depuis ma naissance, il ne peut non plus me la ravir(nemo dat quod non habet) ; elle est mon patrimoine juriridique(stablement imprescrible).S'il faut revoir la loi en vue de surplomber les conflits, il n'est que normale,sans prévaloir les motivations d'exclusion.C'est du droit notionnel que de saisir que les modalités de déchéance fondées sur les cessations et aquisitions s'appliquent principalement aux congolais non originaires.

En concluant, je me passe volontiers de la dialectique entre l'Etat et ses diaporas, conscient que le moment ne prête pas aux clivages(sages et intelligents), tant que l'on partage les mêmes espoirs(que l'on soit en Occident ou au Congo) ; jamais le Congo quitterait nos préoccupations, quels que soient nos statuts. Les expériences accumulées ailleurs donnent une certaine antérioté (aînesse de voyage) sur l'age biologique, sans céder le pas à des comparaisons sur le degré d'intelligence, pratique ou cognitive. Le P.Mveng affirmait, à propos de l'antériorité de la civilisation noire, que reconnaitre l'aînesse aux négro-africains, s'adressant aux complexe occidental, ne consisterait pas à nier l'intelligence aux blancs. Il disait ces mots ironisants devant son confrere le P.de Saint Moulin, le visage rougi sous le poids de cette vérité, malgré son sourire désarmant («Hommage à C.Anta Diop» aux FC de Kinshasa,1985).Nos intelligences ne servent à rien si nos compatriotes doivent exterminer au quotidien, les chiens et chats assaisonnés aux feuilles de Kikalakasa, sans perspective de lendemains meilleurs. De quoi méditer sur les issues libératrices de ce joug accablant...Il doit se créer entre les ailes composantes de la vitalité nationale, un cercle éducatif, c'est ainsi que je suis réfractaire à la fragilisation de la dynamique unitaire du Congo, au nom des engagements administratifs,incapables d'éradiquer les racines culturelles profondes qui unisent à la mère Patrie. Au-delà de cette optique objective, je refuse de me livrer aux spéculations...
      Jean-Pierre Luhata.

         12 septembre 07

 
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